Accompagnement et bénévolat

Communication Bénévoles d'accompagnement dans le contexte du Covid 19    
La crise sanitaire en confinant les bénévoles comme l’ensemble de la population, a stoppé leur participation aux soins palliatifs :
 
C’est clair et précis, dans la FAQ mise à jour par le ministère de la santé pour faire face au covid 19 : « les interventions des bénévoles sont suspendues dans les EPHAD». Bien que rédigées en collaboration avec de grands spécialistes de soins palliatifs, les recommandations de l’ARS IDF confirment que « les activités incluant des bénévoles en USP sont arrêtées », sans distinction des types de bénévolats. Les visites des proches étant en même temps drastiquement réduites voir supprimées, il a semblé tout à fait naturel, à tous, que les bénévoles d’accompagnement ne continuent pas leurs visites et c’est ainsi, que tous se sont confinés, conformément aux instructions du gouvernement et de leurs associations.
   
A défaut de pouvoir assurer une présence physique, certaines associations ont cherché à participer autrement aux soins palliatifs, en organisant notamment des permanences téléphoniques pour les personnes en soins palliatifs et pour leurs proches. Bon nombre ont également encouragé leurs bénévoles à participer à la plateforme d’écoute « Mieux traverser le deuil » et mettre leur compétence en matière d’écoute au service des endeuillés.
Une enquête du collège des bénévoles auprès des 305 associations répertoriées en France a permis de recueillir les témoignages de quelques associations sur ces initiatives prises dès les premiers jours du confinement. Elles ont été mises en ligne sur le site de la SFAP.
 
Malheureusement les retours se sont avérés faibles. Ce sont essentiellement les bénévoles connus des patients et des proches, qui ont pu continuer à appeler régulièrement ceux-ci et assurer malgré tout un accompagnement précieux par téléphone.
 
Le comité de pilotage du collège des bénévoles a écrit à l’ensemble des ARS pour leur indiquer qu’il se mettait à leur disposition pour les aider à réfléchir et éventuellement apporter une aide si un service civique de jeunes se mettaient en place.
 
Par ailleurs, les services hospitaliers de Lyon, de Puteaux et de Saint Denis en sollicitant les associations de bénévoles ont suscité un débat au sein du comité de pilotage du collège des bénévoles, quant à la continuité d’une forme de bénévolat sur place, durant la crise sanitaire. En les sollicitant, ces services ont manifesté l’importance de la place que les bénévoles d’accompagnement jouent dans leur service :
 
L’Hôpital Croix Rouge de Lyon a sollicité les bénévoles d’accompagnement pour accompagner physiquement les proches de malades du service COVID, qui seraient appelés uniquement dans un moment de risque de décès imminent. Il se serait agi d’aider les familles à mettre les équipements nécessaires, mais également de les raccompagner après cette visite d’un quart d’heure et pour la dernière fois. Les psychologues de l’établissement proposaient une collaboration pour accueillir la souffrance des proches par le truchement de l’accompagnement physique de l’entrée de l’hôpital jusqu’au service, puis du service jusqu’à la sortie de l’hôpital. Cette initiative n’a pu en définitive se mettre en place.
A Saint Denis, la solidarité de la société civile s’est manifestée par la fabrication de masques, de dons ou de repas pour les soignants. Certains bénévoles d’accompagnement se sont joints à ce mouvement et ont prêté main forte à l’hôpital pour améliorer les relations entre les familles et les malades.
 
A l’occasion de cette crise, il est apparu qu’une diversité de postures dans l’accompagnement était possible. Pour certains, cela ne remettait pas en question la nature de l’accompagnement de présence et d’écoute mais, pour d’autres, cela n’était pas souhaitable.
 
Quelle est la place des bénévoles au sein des équipes de soignants ?
D’après l’article L1110-11 du code de santé publique : « les bénévoles, formés à l'accompagnement de la fin de vie …. peuvent, … sans interférer avec la pratique des soins médicaux et paramédicaux, apporter leur concours à l'équipe de soins… ».
Les autorités administratives ont jugé que l’article L1110-11 ne s’appliquait plus dans un contexte de pandémie, et la plupart de nos associations également. De gré ou de force, les bénévoles se sont éloignés des équipes de soignants et ont accepté que leur place soit optionnelle.
 
Au cœur de la crise et de l’urgence, nous faisons le constat que certaines associations et certains bénévoles ont répondu à des demandes et ont inventé d’autres manières d’être présents auprès des soignants et des personnes en fin de vie. Ils l’ont fait dans l’esprit et la continuité de leur bénévolat d’accompagnement.
 
Cette situation nous fait nous interroger sur la pertinence de la différence que nous faisons habituellement entre le bénévolat d’écoute et le bénévolat de services. C’est un sujet que nous devrons reprendre après cette période, nourris de ces expériences que nous aurons vécues.
 
C’est justement quand notre société est devenue hyper médicalisée, a généré des situations d’acharnements thérapeutiques indignes, que nous, bénévoles, avons participé à la naissance des soins palliatifs. Depuis 30 ans, nous contribuons, toujours au sein d’une équipe, à apporter des soins aux personnes en souffrance, atteintes d’une maladie grave et évolutive, par notre seule présence bienveillante non médicale. Nous représentons une fenêtre sur une société citoyenne et solidaire. Nous sommes des compagnons de route de ceux qui rentrent dans la dernière ligne droite de leur vie. Nous sommes une présence pour les ainés esseulés, un réconfort pour les endeuillés. Et nous militons pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous, partout et de façon précoce…parce que soigner ne signifie pas seulement guérir et que notre médecine hyper technicisée ne peut pas répondre à tous les besoins de l’homme.
Covid ou pas Covid.
 
Les bénévoles n’ont d’autres missions que d’être simplement présents  aux côtés des équipes de soins palliatifs, mais ils en sont le plus fort symbole : ils rappellent qu’il est encore temps de vivre.
Covid ou pas Covid.
 
L’impact de la crise dans nos missions
 
Le contexte sanitaire a restreint nos libertés et différé les opérations non urgentes ou non essentielles mais effectivement, on ne peut ni empêcher les fins de vie ni considérer que les soins palliatifs et l’accompagnement des bénévoles sont accessoires, sans nous renier.
 
La SFAP joue son rôle en mobilisant l’ensemble de ses collèges : médecins, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux (…) et bénévoles. La SFAP encourage chaque association et bénévole, à poursuivre l’accompagnement collectif et pluridisciplinaire pour que l’accès aux soins palliatifs soit maintenu. Covid ou pas covid
 
Chaque association a son rôle à jouer auprès de ses partenaires et chaque bénévole doit pouvoir à la place qui lui convient, continuer d’être actif, s’il le souhaite, dans son bénévolat d’accompagnement.
 
Dans sa dernière allocution, le Président de la République a clairement indiqué que les hôpitaux et les EPHAD devaient s’organiser pour permettre aux familles de venir voir leurs proches en fin de vie.
Adaptons nos procédures, mettons de côtés nos débats existentiels, interrogeons-nous, nous bénévoles, sur comment collaborer à la continuité de la démarche palliative, dans un contexte hyper médicalisé, hyper sécurisé et hyper anxiogène. Davantage d’interdisciplinarité, de partage d’expérience, d’écoute des besoins des autres, de solidarité, doivent nous permettre de réussir.
 
Et demain…
 
Demain, nous demanderons de pouvoir être testés en priorité après les soignants pour pouvoir être déconfinés, et à nouveau accompagner les personnes en soins palliatifs.
 
Demain, nous pourrons réfléchir à l’accompagnement des bénévoles en soins palliatifs et débattre de l’évolution vers un bénévolat d’écoute et d’accompagnement, qui pourrait inclure du service pour certains.
Demain, nous pourrons communiquer sur l’intérêt de recruter plus de bénévoles et d’accompagner plus de personnes en institution comme à domicile.
 
Demain, nous pourrons penser à tout cela, parce qu’aujourd’hui, notre priorité est de veiller, par tous les moyens possibles, à ce que toute personne puisse finir sa vie en étant soulagée et accompagnée, et ses proches soutenus en toute humanité.
 
Parce qu’aujourd’hui, notre priorité est qu’on puisse mourir dignement en France, covid ou pas covid.
 
Signatures :

Yves du Plessis / Sabine de Baudus / Christine de Gouvion St Cyr / Marie Dominique Trébuchet / Catherine Renard

Les lignes d'écoute téléphonique

Les plateforme et outils deuil

Fichiers: