Fin de vie : soignants et bénévoles refusent d’être les acteurs de la mort administrée.

Communiqué de presse - Jeudi 13 octobre 2022

SONDAGE Opinionway / 30 septembre 2022

Fin de vie : soignants et bénévoles refusent d’être les acteurs de la mort administrée.

85% des acteurs de soins déclarent être défavorables à l’idée de provoquer intentionnellement la mort. Ils sont 83% à déclarer que ce type de geste ne peut être considéré comme un soin.

Alors que le Gouvernement a donné le coup d’envoi d’un large processus de consultation et de débats autour de l’accompagnement des personnes en fin de vie, la Société Française d’Accompagnement et de soins palliatifs a souhaité mener l’enquête avec OpinionWay* auprès des acteurs de soins palliatifs (médecins, infirmiers, aides-soignants, professionnels de santé) et des bénévoles afin de comprendre leurs attentes, leurs craintes et de les partager avec l’opinion publique.

Vis-à-vis du cadre actuel ?

Pour 74% de acteurs de soins palliatifs, le cadre législatif actuel est maîtrisé de façon précise, le reste des effectifs déclarant en connaître les grandes lignes. 90% d’entre eux déclarent être satisfaits du cadre légal actuel.

Donner la mort n’est pas un soin

Le Conseil Consultatif National d’Éthique ayant ouvert la porte à une possible évolution législative, la SFAP a également souhaité interroger les acteurs de soins palliatifs sur leur perception d’une forme de mort intentionnellement provoquée. Leur positionnement est clair : 85% d’entre eux se disent défavorables, et ils sont 83% à déclarer que ce type de geste ne peut être considéré comme un soin.

Dans le détail, et s’il leur était demandé de participer à une procédure de mort intentionnellement provoquée, les soignants interrogés par la SFAP refuseraient dans leur immense majorité de réaliser les actes les plus engageants. Si 12% des médecins accepteraient de faire la prescription, seuls 7% des médecins et des infirmiers accepteraient de préparer le produit létal, et seuls 6% envisageraient de l’administrer.

Les raisons du rejet :

Cette opposition nette et massive est motivée par de nombreux éléments. Si 31% des soignants évoquent simplement une impossibilité ou un rejet, d’autres motivations apparaissaient : le sentiment de déchirement, l’impression d’un gâchis, la culpabilité, la honte ou encore la colère.  Si toutefois une loi autorisait une forme de mort intentionnellement provoquée, seuls 2% des soignants se positionneraient en faveur de l’euthanasie administrée directement par un soignant.

Pour 75% des acteurs de soins, une telle évolution conduirait à de tensions dans les équipes. Ils sont également 70% à penser que cela engendrerait des démissions. En effet, 69% quitteraient leur poste actuel ou utiliseraient leur clause de conscience. (Démission : 34%, clause de conscience : 35%)

Au-delà du monde soignant, la communauté des bénévoles impliqués en soins palliatifs partage les mêmes appréhensions et la même opposition. 86% d’entre eux estiment que l’acte de mort intentionnellement provoqué ne peut être considéré comme un soin.

Pour Claire Fourcade, Présidente de la SFAP :

« L’enquête réalisée en partenariat avec OpinionWay permet à la SFAP de mieux comprendre la parole des acteurs de soins palliatifs : médecins, infirmiers, aides-soignants, professionnels de santé et bénévoles. Pour eux, la mort intentionnellement provoquée ne peut pas être considéré comme un soin. Cette étude vient aussi matérialiser les risques que feraient peser une évolution vers un système à la belge. Démissions, tensions, mise en retrait : le monde des soins palliatifs rejette massivement ce chemin qui ne correspond pas à l’esprit et à la pratique de ce que la France a construit de manière consensuelle au cours des dernières décennies ».

 

Contact presse :
Violaine de Saint Vaulry – saintvaulry@droitdevant.fr – 01.39.53.53.33

*  Enquête réalisée par OpinionWay pour le compte de la SFAP du 29 août au 13 septembre 2022, auprès d’un échantillon de 1335 personnes exerçant en soins palliatifs dont 1009 acteurs de soin en soins palliatifs exerçant professionnellement et 326 bénévoles.
(Échantillon recruté à partir des données de la SFAP).
Parmi les acteurs de soin en soins palliatifs, les professions prises en compte sont : IDE, cadre de santé, médecin, psychologue, aide-soignant, travailleur social et rééducateur. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview). OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252.
Les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d'incertitude :
- de 1,34 à 3,09 points au plus pour un échantillon de 1009 répondants ;
- de 2,37 à 5,43 points au plus pour un échantillon de 1009 répondants.

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