Projet de loi sur la fin de vie : le CNASI EN ALERTE

Au nom du collège des acteurs en soins infirmiers de la SFAP, nous tenons à vous faire part de notre sidération, de notre consternation, de notre incompréhension et de notre déception suite à la sortie dans la presse du projet de loi sur la fin de vie présenté par Mme Agnès FIRMIN LE BODO. Projet de loi qui implique directement les infirmiers. Nous découvrons ce nouveau rôle qui nous est imposé alors que nous n’avons que très peu été sollicités en amont de la rédaction du projet et qu’à aucun moment notre implication dans le protocole de l’euthanasie ou du suicide assisté n’a été évoquée avec le Ministère de la Santé.

Pourquoi les soignants n’ont-ils pas été entendus par la ministre ?
Pourquoi n’a-t-elle pas pris en compte nos connaissances, nos compétences et notre expérience dans l’accompagnement au quotidien des patients en fin de vie ? C'est naturel, puisqu'elle ne nous a pas invités à la table des échanges alors que le projet de loi nous implique directement dans « l’aide médicale à mourir » puisque les termes suicide assisté et euthanasie ne sont pas assumés par Mme la ministre.

Nous infirmiers et infirmières, avons longtemps répondu présents malgré le manque de moyens, les conditions de travail dégradées, la course à la rentabilité. La pandémie de Covid nous a laissés épuisés, mais nous avons tenu bon et poursuivi nos soins dans des conditions identiques. Aujourd'hui, nombreux sont nos collègues qui quittent leur fonction. Nous sommes inquiets que la nouvelle loi entraine une fuite accentuée des soignants et majorent la dégradation des prises en soin.

La loi demande aux infirmiers, de réaliser du « secourisme à l’envers », mais sous ce terme se cache ni plus ni moins que l’injonction d’achever les patients, de mettre fin à leur vie alors que notre formation nous amène à les accompagner, à être là jusqu’au bout, à leur prodiguer des soins, à les écouter, à les soulager.

Nous souhaitons être entendus pour partager notre vécu de terrain, expliquer ce qu'est l'accompagnement en soins palliatifs que nous proposons car nous sommes en mesure de constater les impacts directs qu'une telle loi aura sur la prise en charge des patients, des hommes et des femmes atteints de maladies incurables, des hommes et des femmes vulnérables, qui ont besoin de soutien, de soins et de présence. Nous souhaitons pouvoir témoigner de ce qu’apporte la loi Claeys Leonetti de 2016 lorsqu’elle est connue et qu’il lui est donné les moyens d’être appliquée. Nous refusons d’être acteurs d’acte contraire à notre éthique du soin car « donner la mort, n’est pas un soin ».

Nous redisons nos souhaits de soins palliatifs accessibles à tous et sur tout le territoire.
Nous souhaitons que nos pairs et collaborateurs soient formés aux soins palliatifs. Nous souhaitons que la culture palliative soit une priorité dans les institutions de formations, dans les établissements de santé, médico-sociaux et au domicile.

Nous souhaitons avoir le temps, les moyens d’accompagner les patients, de prendre en charge leur fin de vie, leur entourage, leur douleur, leur souffrance, leur apporter une qualité de fin vie telle qu’ils l’espèrent. La stratégie décennale parue dans la presse récemment n’évoque pas les moyens attribués aux actions proposées alors que les acteurs de terrain, toujours présents, sont en attente d’amélioration des conditions d’accompagnement des patients en soins palliatifs au quotidien. Car en tant que soignants, c’est tous les jours que nous sommes confrontés aux soins palliatifs, à la prise en charge des patients qui voient leur vie se terminer et nous souhaitons pouvoir leur apporter la présence, les compétences, les soins adaptés, le temps, l’accompagnement, le soutien, l’écoute, les échanges, dont ils ont besoin.

Nous refusons d’être associés à cette loi contraire à nos valeurs de soins, d’accompagnement et nous souhaitons le développement des soins palliatifs et leur accessibilité pour tous.

Le CNASI
Collège National des Acteurs en Soins Infirmiers
cnasisfap@gmail.com